CRET
Centre de réflexion sur l'éthique dans le travail
 


 
DESSINS ET DES DIABLES
 
Avant-propos

Le 16 janvier, soit cinq jours après le choc du 11 janvier, notre année au CRET étant placée sous le signe de l’authenticité, j’écrivais à notre groupe :
« Avec cette nouvelle année qui commence sous le signe de la violence et de la lutte collective pour la paix, il est plus que jamais nécessaire d'interroger ses propres valeurs et d'évaluer son comportement.
L'authenticité, à quel prix ?
Dans le cadre de nos réunions mensuelles, je vous invite à un atelier de réflexion [RV]. Apportez un texte que vous aimez et qui vous ressemble. »
Rien à voir avec Dessins et des diables ? Peut-être bien que si.
Nos activités au CRET et en dehors du CRET nous ayant obligés à remettre cet atelier, nous l’avons finalement honoré d’une manière surprenante.


 
La liberté d’expression

Tout a commencé - comme d'habitude - par une discussion dans la discussion. Nous sommes en février, je crois, et "Charlie" est dans tous les esprits. Il vient s'immiscer dans notre réunion mensuelle. Pascal parle de droit, Noëlle de dessin. Les deux ont une légitimité sur le sujet. Il nous semble intéressant d'y consacrer une séance. On donne un titre au débat : Dessins et des diables.

Ce n’est qu’au mois de mai que l’on retrouve le sujet. Chacun y apporte son grain de sel.

Annie signale un article paru dans le Monde.
Marc le diffuse après la réunion (lien ci-dessous)
http://philosophie.spip.ac-rouen.fr/spip.php?article201

Noëlle propose la lecture d'un article de francetvinfo.fr (lien ci-dessous)
http://culturebox.francetvinfo.fr/livres/bande-dessinee/charlie-vu-dailleurs-depuis-angouleme-des-auteurs-etrangers-sexpriment-210775

(Parmi les positions exprimées par les dessinateurs venus d’ailleurs, je me permets d’extraire deux passages :
« En ce qui me concerne, une chose a changé : je dois être plus clair, plus franc, moins dans l’ironie, plus dans la réflexion. C’est aussi très important de dessiner contre le racisme, car les caricaturistes ont un certain pouvoir sur l’opinion publique ».
« si chacun reste « jusqu’auboutiste », il sera difficile de trouver un terrain d’entente et le conflit ne peut que s’aggraver. Il faudrait que chacun fasse un pas en arrière. Y compris les défenseurs de la liberté, car celle-ci ne peut pas être un concept à 100%, elle n’est que relative. »)

Micheline lit un texte convoquant les neurosciences, et cependant engagé, qui reflète sans doute sa position (lien ci-dessous)

http://www.lecerfthomas.com/pages/media_items/du-rire-aux-larmesbremtous-nous-sommes-charlieem52.php
 
Les avis s'échangent. Maya évoque la valeur émotionnelle des religions pour les personnes qui les défendent et crient au blasphème. Pourquoi les caricatures ne fustigent-elles pas l’intégrisme et l’instrumentalisation de la religion plutôt que la religion elle-même ? Peut-on ignorer le mal que l’on fait à l’honnête croyant, celui qui veut vivre sa foi sans chercher à manipuler ?

Pascal apporte un éclairage juridique sur toutes les questions soulevées.

Absente à la réunion, Danielle nous envoie son avis par mail :
« L’article sélectionné par Annie [le Monde] est très intéressant. Il met en perspective notre longue tradition d’esprit critique vis-à-vis de tout. Il soulève aussi la question de savoir ce qu’il en est dans les autres cultures. Sont-elles à même, et les peuples avec elles, de comprendre cette spécificité ? Non seulement les intellectuels mais les gens de la rue ?
Je suis bien d’accord que cela ne doit pas remettre en cause notre liberté d’expression, c’est seulement mieux appréhender les conséquences et les émois d’autres.
La mondialisation n’a pas seulement touché le secteur économique, il a touché les cultures par le nombre de personnes voyageant et capables de mieux comprendre le quotidien des autres peuples et par ce biais a un impact sur l’évolution des cultures. Aller vers une meilleure compréhension de l’autre en respectant les différences … Plus facile à dire qu’à faire.
Voilà ce que m’inspire l’article du Monde. »
  
 
Postface

Finalement, pour participer au débat sur la liberté d’expression, beaucoup ont proposé spontanément un texte qui leur parle ou parle à leur place. La boucle est bouclée – ou plutôt la spirale est enroulée !

Et Micha d'ajouter : le CRET est un véritable espace de dialogue. 

Vive la liberté d'expression. De quoi nous rassurer sur l'utilité du CRET.

 
 



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